Qu'avez-vous dans le ventre ?
Le Microbiote intestinal
Antibiotiques :
Les antibiotiques ont certes révolutionné la médecine moderne et sont devenus incontournables dans le traitement des infections bactériennes, mais ils peuvent entraîner des dégâts collatéraux en éradiquant une partie des bactéries résidant dans le tube digestif. Or ces bactéries commensales et non pathogènes contribuent au bon fonctionnement du microbiote. On a longtemps cru que le microbiote était résilient et revenait systématiquement à un état normal semblable à celui d'avant la prise d'antibiotiques. Aujourd'hui, les données existantes remettent en cause ce paradigme. En réalité, les antibiotiques laisseraient dans l'écosystème microbien des "cicatrices" dont l'accumulation peut provoquer des effets indésirables à long terme. En effet, des études montrent que les enfants et les adultes ayant été exposé à un grand nombre d'antibiotiques pendant leur jeunes âge, ont plus de risque de développer des maladies inflammatoires de l’intestin, des allergies et de l'obésité.
Les antibiotiques menacent notre flore intestinale:
A peine 70 ans après les premiers antibiotiques, de nombreuses bactéries pathogènes sont devenues super-résistantes. Mais l’autre effet secondaire de ces médicaments est la destruction de nos "gentilles" bactéries (bactéries commensales) , hébergées dans notre système digestif. Notre microbiote intestinal est partiellement décimé lors d’un traitement antibiotique. Chacun se rend compte que "quelque chose" se passe dans ses intestins après la prise d’antibiotiques. Très souvent, ce n’est qu’une impression de "gargouillements" sans douleur ni symptôme particuliers. Mais parfois, il y a des troubles, allant des plus communs (diarrhées) aux plus préoccupants, comme des colites (inflammations du côlon) du fait de la prolifération de certaines bactéries déletèrent comme Clostridium difficile. Ces colites sont responsables aux Etats-Unis de 25 000 décès par an, environ autant en Europe. Elles finissent par détruire l’intestin des personnes fragiles voire entraînent le décès par troubles digestifs intenses avec des défaillances d’organes vitaux.
Les antibiotiques amplifient la résistance bactérienne:
Ce phénomène participe en partie au phénomène croissant de résistance bactérienne. Voici pourquoi : dans notre côlon, les antibiotiques opèrent un tri : en éliminant parmi nos propres bactéries celles qui sont fragiles (dites sensibles car éliminées par les antibiotiques), ils ne laissent survivre que les plus fortes et les plus résistantes. Celles-ci se multiplient et prennent la place de celles plus sensibles qui ont été tuées. Le traitement antibiotique terminé, notre gros intestin est alors peuplé de bactéries résistantes dont une partie est éliminée dans l’environnement, le contaminant à son tour. Le problème est que ces "gentilles" bactéries qui sont maintenant devenues peu sensibles aux antibiotiques, sont parfois capables de causer des infections comme les infections urinaires (cystite). Si la bactérie responsable de l’infection urinaire est résistante aux antibiotiques, le traitement sera plus difficile et risque d’être moins efficace. « Si l’on développe une cystite après une antibiothérapie, illustre un spécialiste, il y a des chances que la bactérie en cause, le colibacille Escherichia Coli, soit résistante et la cystite bien plus compliquée à traiter ». Dans ces situations, il ne faut jamais hésiter à consulter son médecin si le traitement habituel de la cystite n’apparait pas rapidement efficace.
Mais les "bonnes" bactéries intestinales peuvent causer des infections autrement plus sérieuses chez les personnes fragiles et dont les défenses naturelles contre les microbes sont amoindries. C’est le cas lorsqu’on a subi une chimiothérapie pour un cancer, une grosse intervention chirurgicale ou bien qu’une maladie grave vous amène en réanimation et que le risque des fameuses infections nosocomiales est alors élevé. On peut alors développer une infection grave avec une de ces bonnes bactéries intestinales alors qu’on ne le ferait pas dans notre état "normal". Le risque, c’est que la plaie opératoire s’infecte voire dégénère en septicémie (infection générale de l’organisme).