top of page

 L'alimentation

Les yaourts : Des chercheurs ont démontré les bienfaits des produits laitiers fermentés tels que les yaourts, sur la santé de patients atteints du syndrome de l’intestin irritable. La consommation de ces produits qui contiennent des probiotiques conduit à une augmentation des populations de certaines bactéries qui synthétisent du butyrate, acide gras connu pour son effet bénéfique sur le fonctionnement de l’intestin.

Les butyrates sont importants en tant que nourriture pour les cellules qui recouvrent le colon des mammifères (colonocytes). Sans butyrates pour l'énergie, les cellules du côlon subissent une  autophagie (auto-digestion) et meurent.  Les acides gras à chaîne courte, qui comprennent le butyrate, sont produites par des bactéries du côlon ( probiotiques ) qui se nourrissent ou fermentent des prébiotiques, qui sont des produits végétaux qui contiennent des quantités suffisantes de fibres alimentaires. Ces acides gras à chaîne courte bénéficient aux colonocytes (cellules du côlon) en augmentant la production d'énergie et la prolifération cellulaire, et peuvent protéger contre le cancer du côlon. 

De plus, les chercheurs ont observé, chez les patients, une diminution de la bactérie Bilophila wadsworthia (suite à un régime riche en graisses animales), suspectée d’être impliquée dans le développement de pathologies intestinales. Ces deux effets combinés conduisent à une amélioration de l’état de santé des patients.

Les protéines :   Notre société est friande de protéines : la population française en consomme en moyenne 1,7 fois plus que ce qui est recommandé. À l’inverse, on recommande une consommation de protéines encore plus importante pour certains individus comme les athlètes en quête de performances ou les personnes âgées qui luttent contre la perte de masse musculaire. Enfin, les régimes amincissants hyperprotéinés restent en vogue, malgré les mises en garde répétées. Mais alors, quel est l’impact sur l’intestin de cette consommation de protéines au-delà des besoins ? C’est la question que se sont posés des chercheurs . Ils ont montré qu’une partie des protéines en excès n'est pas digérée ni assimilée. Lorsqu’elles passent par le côlon, elles sont dégradées par les bactéries du microbiote. Or, cette dégradation produit des molécules (telles que le sulfure d’hydrogène et le p-cresol) qui sont toxiques pour les cellules de la muqueuse intestinale et peuvent même modifier leur ADN. Ces composés, en passant dans la circulation sanguine, peuvent aussi avoir un impact négatif sur certains organes tels que le rein. À partir de ces travaux, les chercheurs espèrent pouvoir affiner les recommandations alimentaires pour certaines populations afin que les bénéfices d’un régime riche en protéines restent supérieurs aux risques.

Exemple de protéine: Le gluten

 Il y a, d’une part, les personnes atteintes de la maladie cœliaque*, dont l’intolérance au gluten est avérée, et d’autre part, des milliers de personnes qui se déclarent intolérantes aux protéines du blé. Des chercheurs  se sont penchés sur le microbiote de ces consommateurs qui se détournent du pain et des pâtes. Tout d’abord, ils ont remarqué que les personnes au régime sans gluten présentent un sérieux déséquilibre du microbiote. Les populations de bactéries bénéfiques (bifidobactéries, lactobacilles) chutent de façon dramatique. En effet, le gluten constitue l’un de leurs aliments habituels. Ce régime réduit aussi les apports en fibres, qui sont sont une nourriture essentielle du microbiote. Résultat de cette dysbiose: une modification de la production d’acides gras à courte chaîne (AGCC)*, qui ont des effets bénéfiques sur le système immunitaire et cardiovasculaire. Le régime sans gluten n’est donc pas sans conséquences. 

Les fibres :  Les fibres, ces longues chaînes polysaccharidiques que l’on trouve en abondance dans les légumes frais ou secs, les fruits et les céréales, sont le fuel du microbiote. Nos bactéries commensales forment une chaîne de dégradation et de fermentation des fibres où chaque espèce, avec ses enzymes propres, a son rôle et sa place. Chacune découpe les fibres en morceaux de plus en plus petits. Lorsque notre régime alimentaire réduit l’apport en fibres, c’est cette chaîne et cette diversité bactérienne qui en pâtissent. Plus l'apport en fibres est grand et plus la diversité et le nombre d'espèces de bactéries est important. Le microbiote en est d’autant plus stable et équilibré. Plus encore : la dégradation des fibres produit des acides gras à chaînes courtes* (AGCC) (acétate, propionate, butyrate) qui ont des effets protecteurs sur notre santé. Le butyrate est l'une des sources de carbones préférées des cellules épithéliales du colon, celles qui tapissent l'intérieur de l'organe. Sans butyrate, ces cellules seraient en "carence" énergétique. Ce déficit serait impliqué dans certaines maladies, telles que la colite ulcéreuse*, la maladie de Crohn. 

Au niveau de l’intestin, ces molécules d'acides gras à chaines courtes permettent, entre autres, de réguler les processus inflammatoires. De plus, elles stimulent la production de glucose par l’intestin, glucose qui donne une sensation de satiété et limite la prise alimentaire. En outre, les AGCC sont aussi capables d’inhiber la prolifération des cellules cancéreuses dans le côlon.

Une étude, menée chez des souris, indique que les régimes à faible teneur en fibres non seulement épuisent le microbiote intestinal, mais peuvent entraîner une perte irréversible de la diversité des communautés bactériennes au sein de cet écosystème.

De jeunes souris ont été spécialement élevées dans un environnement aseptique de manière à appauvrir leurs intestins de toute présence microbienne. Les souris ont reçu ensuite des microbes de donneurs humains. Un groupe de souris a été nourri avec un régime riche en fibres d’origine végétale, l’autre groupe avec un régime très pauvre en fibres. En analysant des échantillons de matières fécales, les chercheurs constatent que les souris du groupe « régime faible en fibres» présentent beaucoup moins d’espèces bactériennes dans leur intestin : la moitié des communautés bactériennes sont réduites de plus de 75% et certaines ont totalement disparu. A 7 semaines, les souris qui avaient consommé un régime alimentaire pauvre en fibres sont ensuite soumises à un régime riche en fibres, durant 4 semaines. Cependant la restauration du microbiote n’est que partielle : un tiers des espèces d’origine ne récupéreront jamais leurs niveaux antérieurs !

Le « hic » est donc que cet effet d’épuisement n’apparaît pas réversible. Ainsi, un régime alimentaire rééquilibré en fibres ne sera pas suffisant pour restaurer les espèces bactériennes perdues. Si l’étude est menée chez l’animal, sa première conclusion est, selon les auteurs, applicable aux humains : l’apport croissant, dans nos régimes alimentaires, d’aliments préparés sans et cela depuis le milieu du 20e siècle, a entraîné une réduction moyenne des apports en fibres, estimée à 15 grammes par jour. Nous pourrions ainsi, avec cette carence en fibres, nous diriger vers un appauvrissement de nos flores intestinales et accroître ainsi les risque de maladies. 

 Conséquences du régime :

Suivre un régime (une modification temporaire de votre alimentation, en restreignant la consommation de certains aliments) n’aboutit pas forcément au résultat escompté. La plupart d’entre nous sait déjà que ce n’est pas un moyen efficace pour maintenir son poids à long terme. 

Une étude menée sur des souris par des chercheurs de l’Institut des Sciences Weizmann à Rehovot, en Israël, dirigée par Eran Segal et Eran Elinav, a récemment dévoilé pourquoi un régime pouvait même se révéler plus nocif pour le poids et la santé métabolique que ne pas faire de régime du tout.

Au cours de leur étude, Elinav et Segal ont découvert que lorsqu’elles suivaient un régime riche en graisses, les souris minces grossissaient, mais si elles recommençaient à consommer une alimentation normale, elles retrouvaient rapidement leur poids original. Si ces mêmes souris étaient à nouveau soumises à un régime riche en graisses, elles regagnaient du poids. À priori, rien de surprenant.

En revanche, à la reprise du régime riche en graisses, les souris grossissaient plus vite que la première fois. Les chercheurs se sont alors demandé ce qui pouvait provoquer cette prise de poids accélérée.

Ils ont découvert une piste dans le microbiote des rongeurs. Lors de la prise de poids initiale, la composition du microbiote est modifiée. Suite à l’arrêt du régime riche en graisses, si les souris perdent du poids, leur microbiote intestinal ne semble pas retrouver sa composition initiale ; comme s’il restait une marque durable de cette prise de poids sur le microbiote intestinal.

Le changement n’était pas positif : lorsque les chercheurs ont soumis un groupe de souris à une alimentation riche en graisses, ils ont constaté que celles qui avaient reçu du microbiote de souris ayant suivi un régime amaigrissant grossissaient plus vite que les receveuses de microbiote de souris n’ayant pas suivi de régime. Le régime riche en graisses associé à la dysbiose (provoquée par le régime) semblaient donc créer les conditions parfaites pour devenir rapidement obèse.

L’étude a également permis aux scientifiques de trouver deux façons de remédier à cette prise de poids post-régime accélérée. En effet, chez les souris souffrant de dysbiose après leur régime, la transplantation de microbiote fécal de souris saines soumises à un régime alimentaire normal ralentissait la prise de poids la deuxième fois.

Pour la petite histoire : 

La bactérie marine Zobellia galactonivorans prolifère sur le nori, une algue rouge rouge traditionnellement utilisée dans la préparation des makis. Ce végétal est riche en porphyrane, un polysaccharide particulier qu'exploitent les microorganismes grâce à des porphyranases, des enzymes qui dégradent ce sucre complexe. En 2010, une équipe française a révélé que chez les japonais (grands consommateurs de sushis), la bactérie intestinale Bacteroides plebeius a "capturée" un gène de phorphyranase de la bactérie Zobellia galactonivorans. A l'inverse, ce transfert est absent du microbiote d’autres populations. Ainsi, au Japon du moins, Bacteroides plebeius peut exploiter une ressource de l'alimentation de l'hôte, qui en retour y gagne des métabolites à partir de cette ressource. Cet exemple illustre la relation symbiotique ancienne qu'à développé l'être humain avec les bactéries de son environnement et avec celles qu'il héberge.

bottom of page